L’enseignement contre l’intégrisme

En Alsace et Moselle des centaines d’élèves juifs du public suivent des cours de Talmud-Tora dans leur collège et lycée. Ils apprennent l’hébreu, les prières, découvrent les textes de la tradition et leurs commentateurs...

La situation est bien connue. Quand s’est imposée en France la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905), l’Alsace et la Lorraine ne faisaient plus partie du territoire national. Le retour des trois départements de l’Est dans le giron de la France n’a pas effacé ce particularisme.

Mais depuis 1918, la situation démographique a bien changé … La communauté musulmane compte aujourd’hui 150 000 âmes. Pourtant point d’enseignement de l’Islam au lycée … Cette lacune a été qualifiée de "discriminante" par la commission Stasi en 2003. Elle est revenue au devant de la scène, à l’occasion des débats sur le port du voile intégral, la burqa.

A la tête du Conseil régional du culte musulman (CRCM) d’Alsace, Driss Ayachour estime que l’éducation est "le remède le plus efficace pour encadrer les jeunes, les former et les protéger contre l’extrémisme". Le projet est simple : enseigner dans les lycées un Islam d’ouverture et de tolérance c’est couper l’herbe sous le pied de tous les enseignements déviants et intégristes. Mais dans le même temps, le particularisme concordataire (du nom du régime napoléonien qui prévalait avant la loi de séparation) demeure comme une enfreinte au principe de laïcité, l’un des fondements de la République. Délicat débat en perspective… Nul doute que dans leur réflexion les autorités musulmanes observent de près le modèle mis en place par la communauté juive depuis des décennies.